lundi 27 mars 2017

Situation préoccupante pour les dauphins communs du golfe de Gascogne

Situation préoccupante pour les dauphins communs du golfe de Gascogne
http://www.observatoire-pelagis.cnrs.fr/actualites-240/actualites/Situation-proccupante-dauphins
Depuis le début de l’année, l’Observatoire PELAGIS et les correspondants du Réseau National Echouages (RNE) ont enregistré le signalement sans précédent de près de 800 dauphins morts échoués sur la côte atlantique.

Dans la lignée du précédent articlece communiqué a pour objectif de faire le point sur ce phénomène particulièrement préoccupant et les causes probables.

Carcasses de dauphins communs évacuées sur la commune de la Tranche sur Mer (85)

Quand ?

Le phénomène a été particulièrement intense au cours des périodes de vent fort de début février (3 au 10 février) et début mars (1er au 10 mars), avec plusieurs dizaines d’échouages par jour (plus de 60 le 5 février).



Nombre de dauphins échoués par jour et enregistrés à l’Observatoire PELAGIS depuis le début de l’année - source RNE



Où ?

Toute la façade atlantique a été touchée, néanmoins les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime enregistrent des records avec près de 490 échouages, soit plus de 60 % des échouages recensés.

Nombre de dauphins échoués et enregistrés à l’Observatoire PELAGIS par département depuis le début de l’année - source RNE

Quoi ?

Dans plus de 90 % des cas il s’agit de dauphins communs dont l’état des carcasses indiquait une mort survenue entre 3 et 20 jours avant leur découverte à la côte.

Pourquoi ?

Les tempêtes ne sont pas responsables de la mort des animaux, elles n’ont eu pour effet que de rendre visible cette mortalité en concentrant les échouages sur une période très courte. Une grande majorité des dauphins portait des traces d’une capture accidentelle dans un engin de pêche.

Ces traces externes sont causées soit directement par les engins de pêches (traces de maillages), soit par la manipulation des animaux lors de leur remontée à bord des navires (fractures, amputations antérieures à l’échouage).

Dauphin commun échoué à Olonne sur Mer (85) avec traces de maillage encerclantes (derrière l’œil)


Dauphin commun échoué à Talmont Saint Hilaire (85) avec fracture d’une mandibule



Dauphin commun échoué sur l’Ile de Ré (17) avec amputation de la queue

L’Observatoire PELAGIS a procédé à des observations complémentaires au cours d’examens approfondis pour lesquels des prélèvements ont été réalisés. Ces investigations ont porté sur 134 animaux et 119 (soit environ 90 %) de ces examens ont confirmé la cause de la mort par capture accidentelle dans un engin de pêche (condition corporelle bonne, absence de lésions pathologiques, mort traumatique, alimentation récente, femelle gestante, etc.). Ces observations et prélèvements sont autant d’informations qui serviront à mieux comprendre les circonstances de leur capture et l’effet de cette mortalité additionnelle sur la population. 

Où sont-ils morts ?

L’utilisation d’un modèle de dérive d’objets en mer (MOTHY, Météo France), prenant en compte les conditions de vents et de marées, a permis de localiser les zones probables de mortalité. Cet exercice de modélisation a été réalisé sur les échouages observés début février alors que l’intensité du phénomène était maximale. Les carcasses ont été séparées en fonction de leur état de décomposition (frais : moins de 5 jours entre la mort et l’échouage ou putréfiés : de 5 à 15 jours entre la mort et l’échouage).



Cartes des échouages et zones de mortalité en mer des dauphins retrouvés frais (A) et putréfiés (B) entre le 3 et le 10 février le long des côtes de Gironde, Charente-Maritime, Vendée et Loire-Atlantique




Cette analyse permet de mettre en évidence deux zones de mortalité distinctes : soit une capture récente dans les engins de pêche près des côtes de Charente-Maritime et de Vendée (carte A environ 30 à 80 km des côtes), soit une capture survenue plusieurs jours avant plus au large à proximité du talus continental (carte B, environ 150 km des côtes).

Ce phénomène est-il exceptionnel ?

Le phénomène actuel correspond à plus de 30 fois le niveau normal d’échouages sur nos côtes. Des échouages de mammifères marins sont observés tout au long de l’année, environ 200 à 500 échouages de dauphins sont enregistrés par an (années hors pic d’échouages).

Néanmoins, ce type d’événement de mortalité extrême n’est pas nouveau. Depuis les années 90, des échouages multiples très supérieurs à la norme saisonnière et concentrés sur une courte période sont apparus. A chaque fois une à plusieurs centaines de petits cétacés sont trouvés échoués en l’espace de 2 à 4 semaines. Avec 800 individus échoués au cours de deux événements distincts, 2017 dépasse le record de 1997 où plus de 700 carcasses avaient été recensés au cours des trois premiers mois de l’année.

Combien sont morts ?

Seule une fraction des animaux morts en mer atteint les côtes et s’échoue. Ainsi 82 % des dauphins morts en mer couleraient et se décomposeraient en mer avant de s’échouer. Sur l’ensemble des dauphins communs échoués ces dernières semaines le long de la côte atlantique on estime que plus de 3 500 dauphins seraient morts en mer depuis le début d’année dans le golfe de Gascogne. Il s’agit d’une estimation préliminaire et basse.

Connaît-on l’origine de ces captures accidentelles ?

Des observations réalisées au début des années 2000 à bord des chalutiers pélagiques pêchant en bœuf (chalut traînés par deux chalutiers) ont confirmé l’existence des captures accidentelles de cétacés, principalement lors de la pêche au bar. D’autres métiers pourraient être concernés tels que les pêcheries industrielles utilisant les chaluts à très grande ouverture verticale, comme le chalut naberan.

Dauphins communs capturés accidentellement dans un chalut pélagique dans le golfe de Gascogne en 2006 (image non diffusée auparavant), cette situation est toujours d’actualité.

La grande variabilité du risque de captures accidentelles pourrait être liée aux circonstances environnementales. En effet, le risque de capture est très élevé lorsque poissons, dauphins et pêcheries se retrouvent concentrés ponctuellement aux mêmes endroits, et par exemple lorsque bars ou thons et dauphins s’alimentent simultanément sur les mêmes proies. Ceci est confirmé par certains pêcheurs, qui indiquent que de nombreux groupes de dauphins ont été observés en ce début d’année sur leur zone de pêche.

La population de dauphins communs du golfe de Gascogne est-elle menacée ?

Aujourd’hui nous avons une meilleure idée des effectifs de dauphins communs qui vivent au large de nos côtes. Néanmoins, des informations manquent toujours pour évaluer réellement l’impact de cette mortalité accidentelle devenue récurrente. Le programme de surveillance mis en place par la France dans le cadre de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) doit permettre d’avancer sur ces questions.

Selon les estimations produites par les campagnes d’observations aériennes, les dauphins communs seraient de l’ordre de 200 000 individus en hiver sur le plateau continental s’étendant de la Manche ouest au sud du golfe de Gascogne. Sur la bases de ces estimations, le taux de mortalité additionnel observé chaque année dans le golfe de Gascogne pourrait ne pas être soutenable à terme pour la population de dauphins communs. Pour ces espèces à faible fécondité, longue durée de vie et ayant une faible capacité à se rétablir, anticiper leur déclin est un enjeu crucial.

Quelles propositions pour réduire ces mortalités accidentelles  ?

Les propositions pour réduire les captures accidentelles doivent s’inscrire dans une philosophie de gestion durable des écosystèmes marins et de leurs ressources. Il est illusoire de fixer un objectif de zéro capture accidentelle mais il est nécessaire de maintenir ces captures à un niveau qui permet au moins le maintien des populations de dauphins. Ces propositions doivent être discutées et élaborées en collaboration avec la profession. Pour réduire les captures accidentelles, il existe de nombreuses pistes notamment technologiques (engins modifiés, répulsifs acoustiques) ou d’adaptation de la stratégie de pêche en s’appuyant sur la connaissance des circonstances environnementales qui augmentent les risques de captures accidentelles. Aujourd’hui aucun programme de limitation de ces captures n’est financé pour progresser sur ces questions.

dimanche 12 mars 2017

Baleines et Dauphins.Histoire naturelle et guide des espèces.

Annalisa BERTA
400 illustrations - 288 pages
ISBN : 9782841388516
Année d'édition : 2016
45.00 €

Les 90 espèces de cétacés reconnues à ce jour comptent parmi les créatures les plus diverses, les plus intelligentes et les plus mystérieuses de la planète. Ces animaux sont de grands migrateurs qui parcourent d'immenses distances et plongent à de grandes profondeurs, si bien que nous ne percevons qu'une infime partie de leur vie. Aujourd'hui, cependant, de nouvelles avancées technologiques permettent de mieux les comprendre et ce livre est le premier à rassembler les résultats les plus novateurs de ces études récentes.

Cet ouvrage se divise en trois parties. La première traite des cétacés : leur origine, les principaux aspects de leur anatomie, leur comportement, leurs traits de vie et leurs modes d'alimentation. La deuxième partie propose des outils pour l'identification des cétacés en s'appuyant sur des critères morphologiques ainsi que sur leurs comportements en surface, et comporte une carte des principaux sites d'observation dans le monde. La troisième partie, la plus importante du livre, présente un guide complet des espèces avec leur description détaillée, et toutes les informations nécessaires à leur identification.

Cet ouvrage magnifiquement illustré est à la fois une présentation des connaissances les plus pointues et les plus récentes sur les cétacés du monde entier et un guide de terrain efficace pour observer ces animaux dans la nature.

L'auteur
Annalisa BERTA
Annalisa Berta, professeur de biologie à l'Université d'État de San Diego (Californie) depuis plus de 30 ans, est spécialisée en anatomie et biologie de l'évolution des mammifères marins. Ancienne Présidente de la Society of Vertebrate Paleontology et co-rédactrice en chef du Journal of Vertebrate Paleontology, Annalisa Berta a écrit et co-écrit de nombreux articles scientifiques et plusieurs livres sur les mammifères marins.

Observer les baleines en France et en Europe.


Baleines, dauphins et marsouins sont très présents dans les eaux européennes et attirent un nombre toujours plus important d'observateurs, pour qui ce guide sera un indispensable compagnon.
Après une introduction générale sur les cétacés, l’ouvrage présente une série de fiches pour en savoir plus sur chaque espèce : baleine bleue, dauphin commun, globicéphale noir, cachalot entre autres. Les éléments permettant l’identification dans l’eau sont illustrés et des informations sur le mode de vie et les attitudes sont données afin d’aider l'observateur à reconnaître aisément chaque espèce.
La seconde partie du livre est consacrée aux lieux où l'on peut observer les baleines en Europe. Du Groenland aux îles Canaries, de l'Islande aux Açores en passant par la Norvège et la Croatie, les meilleurs sites pour voir les baleines et les dauphins de 24 pays sont indiqués, les ports et réserves marines à privilégier, ainsi que les espèces les plus couramment observées en ces lieux. 
Un zoom spécifique est réalisé sur la France, détaillant les richesses des eaux atlantiques et méditerranéennes.
L’auteur: Mark Carwardineauteur à succès de livres sur la nature, est un naturaliste, photographe. 
Il présente des émissions de radio et de télévision au Royaume-Uni, et étudie les cétacés depuis plus de 30 ans.