vendredi 15 septembre 2017

Guide des cétacés du golfe de Gascogne: Des baleines en Aquitaine.

Aquitain, longtemps je les ai négligées, pourtant ma région offrait des ours dans les Pyrénées, une dizaine tout au plus et 6 grands dauphins dans le bassin d’Arcachon.
Si j’ai observé les dauphins grâce à Jean-Jacques Boubert du banc d’Arguin avec la pinasse de la Sépanso, je n’ai jamais vu les ours sauf peut-être une hypothétique trace dans la neige avant le col d’Iseye en vallée d’Ossau.

Je ne les cherchais pas, contrairement à l’ours et je n’avais pas conscience de cette richesse de biodiversité. A l’heure ou j’écris ces lignes, plus d’ours de souche pyrénéenne, et surtout plus de grands dauphins dans le bassin d’Arcachon.

De leurs retours, je ne peux parler et espérer que des grands dauphins, car pour les ours, la souche a été anéantie à jamais par la folie des hommes et de la chasse, enfin, si on peut appeler ça de la chasse.

Espérer qu’un groupe rentre à nouveau dans le bassin d’Arcachon et puisse y trouver un espace de vie entre les jet-ski, la folie les bateaux de plaisance autour du banc d’Arguin et des ostréiculteurs qui n’aiment pas recevoir de l’administration de nouvelles contraintes, est-ce bien sérieux ?

Il est probable que les dauphins ne me disent, « merci, mais avec des amis comme cela on n’a pas besoin d’ennemi ». 
Alors oui, il vaut mieux qu’ils restent bien au large avec leurs frères et sœurs et surtout leurs grandes cousines, les baleines.

Les baleines, je ne les voyais pas, je ne m’en souciais guère, je croyais ne jamais rien connaître d’elles tellement elles me semblaient lointaines. Je croisais parfois quelques articles de journaux faisant état d’un échouement, d’un naufrage sur une plage, bref, c’était d’infimes traces, comme celle de l’ours dans la neige de printemps en vallée d’Ossau.

La rencontre, la vraie, celle que ta mémoire enregistre à vie, c’est celle à partir du bord du ferry entre Bilbao et Portsmouth lors d’une traversée d’août 2000, mais comment en étais-je arrivé là… ?!!

Ce fut à la suite d’un article dans une revue scientifique de terrain, une revue anglaise, qu’un ami de l’époque en fin du 20e siècle, en 1999 me fit parvenir par la poste.

Lui, l’ami ne voulait faire la traversée, que pour n’y voir que des oiseaux marins, mais dans cet article, toute une partie était consacrée aux cétacés observés dans le golfe de Gascogne depuis 1995 et la liste était alléchante, même plus que ça, c’était une révélation, une vraie.

Ce n’était plus un rêve d’espoir secret après avoir vu Thalassa et après avoir été bercé dans les années 70 par les reportages des émissions de Cousteau.
Tant d’années d’espoirs frustrés, de rêves inespérés, allaient enfin se concrétiser, oui j’allais peut-être voir des baleines.

Depuis cette traversée d’août 2000, elles ne m’ont plus quittées, même si l’homme et la baleine ne peuvent se fréquenter et ne se fréquenteront jamais.
Ce sera toujours une rencontre au fil du hasard, un hasard provoqué certes, mais un hasard quand même, où il n’est jamais garanti de les observer.

Comme j’ai l’habitude de le dire, ici l’aquarium est grand, ce n’est pas un cirque ou les cétacés sautent dans un cerceau.
Parfois, il faut se contenter d’aperçus, de fragments de dos, ou pire d’une ombre entre deux vagues, mais quelques fois elles se laissent approcher, elles nous font entendre leurs souffles et elles plongent en nous faisant voir la nageoire caudale, le Graal en quelque sorte.

Il me semble lorsque je parviens à effleurer du regard, à croiser leurs routes, que peu à peu, elles ont une influence sur moi, la même influence qu’une cigarette pour les fumeurs après un bon repas.

A la saison des baleines dans le golfe de Gascogne, je suis comme un chasseur de palombe, un chercheur de champignons, rien, mais rien ne me fera manquer ce rendez-vous, cette fréquentation même lointaine, fait qu’entre la baleine et moi, il y a un lien, une vibration singulière que je ne peux m’expliquer.

L’alpiniste a son sommet entre montagne et ciel, rien d’autre, sans son sommet, c’est un échec. Pour moi c’est un peu pareil, c’est un dos entre mer et ciel, un souffle, un saut qui va au-delà des étoiles.

Si la baleine ne me parle pas, elle me parle de la nature, d’un océan que personne ne connaît vraiment, car l’homme en sait plus sur les étoiles que sur les fonds marins, Et je me demande si je n’en sais pas plus sur la baleine que sur l’être humain, tout du moins elle, elle me fait plus rêver. 

Des espèces reconnaissables et observables 

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