1° Les observations de cétacés de 1985 à 2014 à Ouessant. 2° Les observations sur le ferry Bilbao-Portsmouth de 2000 à 2010. 3° Les Sorties en mer sur le Gouf de Capbreton depuis Saint-Jean-de-Luz jusqu'à Bilbao. 4° Guide des cétacés dans la golfe de Gascogne. 5° livres et infos diverses.
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lundi 14 octobre 2024
mercredi 31 juillet 2024
Qui est Paul Watson ? voici un article de Monde qui semble bien résumer la personnage.
La petite association Ecologie sans frontières, invitée à y participer, a prévu de brandir, en pleine réunion avec le chef de l'Etat, un portrait du bouillant capitaine.
La veille, lors d'un entretien informel avec le président, en présence de huit associations, Nicolas Hulot avait déjà longuement plaidé la cause de Paul Watson. Car le défenseur des baleines et des animaux marins depuis quarante ans est un fugitif désormais obligé de vivre sur un bateau écumant les eaux internationales, peut-être jusqu'à la fin de ses jours.
Un homme de 61 ans qui se targue d'avoir fondé et développé l'ONG écologiste la plus pugnace de la planète, Sea Shepherd ("berger des mers"), qui a affronté les baleiniers soviétiques ou japonais, les Canadiens traqueurs de bébés phoques, les braconniers de toutes nationalités sur toutes les mers du globe… Et qui a envoyé par le fond bon nombre de bateaux – sans jamais faire de morts.
Les représentants d'Ecologie sans frontières ont lancé une pétition, signée par les grands défenseurs de l'environnement, de Yann Arthus-Bertrand à Nicolas Hulot, sans oublier Isabelle Autissier, Allain Bougrain-Dubourg ou des politiques, comme les eurodéputés Daniel Cohn-Bendit et José Bové, ou même la sénatrice UMP Chantal Jouanno. Son but ? Sensibiliser le chef de l'Etat à la situation d'un homme traqué, afin que la France accueille ce réfugié d'un nouveau genre.
Les nombreuses personnalités qui soutiennent son action, le dalaï-lama, les acteurs Sean Penn, Sean Connery, Martin Sheen, Pierce Brosnan, Daryl Hannah, les musiciens de Red Hot Chili Peppers, mais aussi, en France, les cinéastes Jacques Perrin et Mathieu Kassovitz, vont relayer cette demande, à laquelle Paul Watson s'associe.
Pourquoi cette chasse à l'homme ? En mai, Paul Watson est arrêté par les autorités allemandes alors qu'il fait escale à l'aéroport de Francfort. L'Allemagne a réagi à un mandat d'arrêt émis par le Costa Rica, pour des faits remontant à 2002. Alors en mission pour le gouvernement du Guatemala, soucieux de lutter contre la pêche illégale aux ailerons de requin dans ses eaux territoriales, Paul Watson s'en prend à des braconniers costaricains, qu'il surprend en pleine pêche.
Comme le rappelle William Bourdon, son avocat français, personne n'a été blessé lors de l'intervention de Sea Shepherd, et aucun matériel n'a été endommagé. Paul Watson est néanmoins poursuivi dix ans après les faits par le Costa Rica pour "mise en danger de la vie d'autrui", alors même que deux juges costaricains successifs ont prononcé un non-lieu à l'époque des faits.
Me Bourdon dénonce une nouvelle procédure, "totalement fabriquée, organisée par le Japon", ce pays utilisant sa puissance commerciale pour pousser le Costa Rica à agir.
DÉPART CLANDESTIN
Les pressions japonaises sur Paul Watson et son organisation ne relèvent pas d'une vision complotiste de l'existence : un document classé par le département d'Etat américain et révélé par WikiLeaks au journal espagnol El Pais, en janvier 2011, démontre que des discussions ont bien eu lieu entre des représentants du gouvernement japonais et la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, dans le but de retirer à l'ONG son statut caritatif, et de supprimer les déductions fiscales qui l'accompagnent, pour les donateurs. Mais elles n'ont pas abouti.
A la suite de son arrestation, assigné à résidence à Francfort, Paul Watson y est protégé par Daniel Cohn-Bendit, qui lui fait rencontrer son avocat. Apprenant par des fuites que l'Allemagne se prépare à l'extrader, le capitaine organise son départ clandestin le 22 juillet, se coupe la moustache, porte une perruque et parvient, méconnaissable, à l'aide de complicités multiples, à rejoindre un bateau qui file vers la haute mer.
Paul Watson est canadien, fils d'une famille de pêcheurs qu'il a quittée quand il avait 15 ans, mais il est en délicatesse avec son pays en raison de son opposition constante à la chasse aux phoques. Quant aux Etats-Unis, Sea Shepherd affirme n'avoir obtenu d'eux "aucune garantie".
William Bourdon estime aujourd'hui que "l'Europe, la France, s'honoreraient à accueillir ce réfugié politique d'un type nouveau, qui lutte pour protéger la biodiversité, contre tous les cynismes, en risquant sa vie".
On l'a compris, Paul Watson n'a pas que des amis. Il ne fait d'ailleurs rien pour en avoir. "Je n'ai jamais eu pour ambition de gagner un concours de popularité", confie-t-il, dans un livre coécrit avec Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, et intitulé Entretien avec un pirate (Glénat, 320 p., 22 €).
Ses démêlés avec Greenpeace sont légendaires. Il a pour cette ONG, dont il est membre fondateur – "membre de la première heure", préfère Greenpeace – avant d'en être exclu en 1977, toutes les tendresses : la "dame Tupperware de l'écologie", "conservatrice", est devenue "l'un des grands acteurs du business de la bonne conscience dans le monde".
Greenpeace n'est pas en reste, dénonçant son jusqu'au-boutisme contre-productif. "En 2010, Sea Shepherd a fait échouer les négociations avec le Japon qui acceptait enfin de ne plus chasser en Antarctique, en échange de la possibilité de chasser, sous contrôle de la Commission baleinière internationale, au large du Japon. Une chance historique se présentait pour que les mers australes soient ce qu'elles auraient dû toujours être, un sanctuaire pour les baleines. On se serait occupés dans un deuxième temps de la chasse au large du Japon, beaucoup plus accessible que l'Antarctique. Mais il a tout fait capoter", dénonce le photographe Pierre Gleizes, une des figures de Greenpeace.
Paul Watson n'est en effet pas un homme de compromis. Il explique à ceux qui veulent le rejoindre dans son combat que "pour sauver les baleines, il faut être prêt à mourir", et ne voit dans les conférences internationales que "fumisterie et miroir aux alouettes". Il ne prétend pas non plus faire fonctionner démocratiquement Sea Shepherd.
"Les navires n'ont jamais été dirigés de manière démocratique, c'est cette règle qui nous a permis de rester fidèles à notre esprit d'origine et de ne pas diluer notre âme combative dans la compromission."
Sea Shepherd est donc logiquement resté une petite structure – une trentaine de permanents, 11 millions de dollars de budget, cent mille adhérents –, alors que Greenpeace est trente fois plus gros. Une volonté de pureté idéologique qui cache peut-être la volonté inconsciente du père fondateur d'en rester toujours le maître. Certains de ses détracteurs le traitent même de "gourou".
Difficile à croire, car tous ceux qui ont souhaité s'éloigner l'ont fait librement et sans drames. Ce qui est exact, c'est que Paul Watson fait l'objet dans son mouvement d'un certain culte de la personnalité, et que lui-même ne déteste pas sculpter sa légende. Il explique qu'il est un activiste écologiste depuis l'âge de 11 ans, et pose sur la banquise seul face à de gigantesques baleiniers. Il est vrai qu'il a subi des épreuves peu banales et vécu nombre d'aventures.
Capturé par des chasseurs de phoques en 1977, il tombe dans l'eau glacée, perd connaissance et se retrouve à bord du phoquier. "Quelques chasseurs m'ont traîné sur le pont dans le sang et la graisse de phoque, ils m'ont roué de coups de pied et craché dessus, ils m'ont écrasé la figure dans la pile de peaux graisseuses et sanguinolentes. J'entendais derrière moi les types brailler : "Enfonce-lui cette satanée fourrure au fond de la gorge !""
Cette mystique de l'engagement et de la souffrance physique lui assure des fidélités indéfectibles, comme celle de Sam Simon, producteur américain des Simpson, qui a intégralement payé le quatrième bateau de la flotte de Sea Shepherd, qui défie depuis 2008 les baleiniers japonais dans l'Antarctique.
Pour ses détracteurs, si Paul Watson aime tant les animaux, c'est qu'il déteste les hommes. Vieille antienne, que l'on sert toujours aux défenseurs acharnés de la cause animale, mais qui, dans son cas, n'est peut-être pas totalement fausse.
"C'est certain, je ne suis pas un grand fan de l'espèce humaine dans son ensemble", confie, dans Entretien avec un pirate, celui qui a "juré allégeance aux victimes de l'humanité". Son regard sur ses congénères – "des primates arrogants et incontrôlables" – est, disons, peu amène : "Le monde est rempli de foules décérébrées qui vivent dans des univers fantaisistes basés sur la religion ou le divertissement."
Il récuse pourtant toute misanthropie et se définit avant tout comme biocentriste, ce qui signifie que les humains ne sont qu'une espèce parmi d'autres. Il n'est pas loin de penser qu'il faudrait à une humanité trop nombreuse, violente, et prédisposée au sadisme, un permis pour se reproduire. Daniel Cohn-Bendit se souvient, lui, d'avoir croisé "un bon vivant extrêmement chaleureux".
Prisonnier en haute mer, Paul Watson sait sûrement déjà que Greenpeace France a signé la pétition en sa faveur, et donc a accepté de lui tendre la main. Enterrer la hache de guerre après trente-cinq ans de divorce ? La cause qu'ils défendent le vaut bien.
Anne-Sophie Mercier
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Le récit de son arrestation
https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/07/22/pourquoi-le-fondateur-de-sea-shepherd-paul-watson-a-ete-arrete-au-groenland_6255829_3244.html
dimanche 23 juin 2024
Des nouvelles informations sur l'écologie et le comportement des orques.
samedi 15 juin 2024
Le Grand dauphin écris par Jean-Pierre Sylvestre, un spécialistes des mammifères marins.
Trouvé chez Emmaüs, pour 1€, (la bibliothèque de Laruns 64, l'avais mis au rebut). Il a été écris par Jean-Pierre Sylvestre qui est un spécialiste des mammifères marins.
vendredi 17 mai 2024
Que faire pour nous aider à protéger les océans ?
Vous n’avez pas le temps de vous engager dans une association ?
Vous habitez loin des côtes, vous ne connaissez pas le milieu marin mais vous êtes sensibles à sa protection ?
Voici quelles idées simples à mettre en place pour apporter son corail à l’édifice.
Quelques actions à mettre en place
- Émerveillez-vous devant la beauté de la nature. C’est le premier conseil de Véronique et François Sarano dans leur livre Sauvons l’océan ! Les 10 actions pour (ré)agir. Il faut se réconcilier avec l’océan. Ouvrez les yeux et observez les cours d’eau, les plantes, les animaux !
- Consommez moins de poisson, et privilégiez la pêche artisanale en cas de nécessité.
- Environ 48% des français trient systématiquement leurs emballages (sondage IPSOS). Et si on essayait de battre notre record ?
- En mer ou à la maison, utilisez des produits écoresponsables qui respectent l’environnement marin.
- Signez la Coalition Citoyenne pour la Protection de l’Océan, afin d’obtenir du pouvoir politique une véritable protection de l’océan dès 2024.
- et restez informés sur l’état des océans en suivant nos actions.
samedi 27 avril 2024
La liste des différents organisateurs allant observer les cétacés sur le gouf de Capbreton et au large des côtes du golfe de Gascogne Sud.
Occurrence des cétacés dans le
Gouf de Capbreton
Voici la liste des cétacés
vivants, observés par moi-même (soit 6 espèces communes) au cours de mes 32
sorties en mer (en 2023) sur une journée du matin en fin d’après-midi et depuis
2011.
Vous remarquerez que je n’ai vu
que 6 espèces, c’est pour vous dire que les autres cétacés sont vraiment des
espèces dites : “Occasionnelles”.
Je présente aussi les
observations faites sur le gouf de Capbreton par : Explore Océan, qui organise
un très grand nombre de sorties en mer du printemps pour voir les Globicéphale
et à l’automne pour observer les rorquals. Durant l’été les observations concernent
surtout les bancs de dauphins, mais il n’est pas exclu d’observer un Cachalot.
En France ;
A partir de Capbreton un
organisateur Apex Cetacea annonce 20 espèces vues alors que personne n’en a jamais
observé plus de 14 espèces, et en plus il propose des plongées avec masques et
tubas. Ce qui est source de dérangement.
En Espagne ;
Mater, à Pasaia organise une à
deux sorties sur l’année sur un chalutier de pêche reconverti pour accueillir
des passagers.
Karraspio, organisait des sorties
durant l'été à partir du port de Mutriku, mais il ne sort plus en mer.
Ambar Elkartea, qui sort en
demi-journée au large de Berméo.
Jesus Memendez, qui sort en mer
au grès des occasions depuis Castro-Urdiales.
Verballenas, à Santurtzi sort
très souvent et chaque semaine, mais l’organisateur refuse de communiquer ses
observations. Renseignement pris, il semble qu’il n’ait rien vu de plus que tous
les autres observateurs, soit au mieux 14 espèces.
Seul deux espèces ont été vues mortes le Cachalot pygmé et le lagénorhynque à flanc blanc sont des échouages, (cétacé mort observé et identifié à la côte) par Olivier Schotte et Pascal Ducasse. Il est probable que le Cachalot pygmé et le Lagénorhynque soit passé par le Gouf de Capbreton.
Nom vernaculaire, Non scientifique. Occurrence
1- Grand dauphin, Tursiops truncatus. Régulier
2- Dauphin commun, Delphinus delphis. Régulier
3- Dauphin bleu et blanc, Stenella coeruleoalba. Régulier
4- Globicéphale noir, Globicephala melas. Régulier
5- Ziphius de Cuvier, Ziphius cavirostris. Régulier
6- Rorqual commun, Balaenoptera physalus. Régulier
7- Cachalot, Physeter macrocephalus. Occasionnel
8- Mésoplodon de Sowerby, Mesoplodon bidens. Occasionnel
9- Marsouin commun, Phocoena phocoena, Très occasionnel
10 -Orque, Orcinus orca. Très occasionnel
11- Baleine à bosse, Megaptera novaeangliae. Très
occasionnel
12- Baleine bleue, Balaenoptera musculus. Rare
13- Dauphin de Risso, Grampus griseus. Rare
14- Petit rorqual, Balaenoptera acutorostrata. Rare
(Mort à la côte)
15- Cachalot pygmé, Kogia breviceps. Très Rare
16- Lagénorhynque à flancs blancs, Lagenorhynchus acutus. Très
rare
jeudi 29 février 2024
Le chant des baleines a toujours fasciné les marins. (Globice Réunion)
Si les mécanismes physiologiques qui permettent aux baleines à bosse d'émettre leurs chants complexes sont de mieux en mieux connus, comme le révèle cette nouvelle étude, ils confirment également que les fréquences utilisées par les cétacés (entre 30 hertz et 300 hertz) correspondent précisément à la bande de fréquence des bruits émis par les moteurs des bateaux.
Le chant des baleines a toujours fasciné les marins. Longtemps, les anciens navigateurs ont attribué ces sons sinistres venus des profondeurs à des créatures mythiques, des fantômes, voire aux diverses boissons alcoolisées dont ils abusaient parfois.
dimanche 28 janvier 2024
La Baleine de Michel Pastoureau. sortie en Oct 2023. Prix 20€.
De la capture d'une baleine étaient tirés un grand nombre de produits alimentant un commerce fructueux. Une industrie baleinière vit progressivement le jour, mais elle devint si prédatrice qu'il fallut, au XXe siècle, limiter les prises et imposer des quotas. Entre-temps la symbolique de l'animal se modifia. Longtemps ce fut un monstre redoutable, au service des forces du mal. La Bible et la mythologie en faisaient un instrument de dévoration et les bestiaires médiévaux, un attribut du Diable.
La littérature moderne ne fut guère plus indulgente, soulignant sa cruauté : c'était l'ogre des océans, tel Moby-Dick, ce cachalot blanc et féroce dont Hermann Melville a raconté l'histoire. Mais plus on avançait dans le temps, plus cette image s'atténua et s'inversa : le monstre marin fit peu à peu place à une créature plus attachante, sinon pitoyable, injustement victime de la cupidité et de la violence des hommes.
Aujourd'hui, cette sympathique baleine est devenue une des vedettes du livre pour enfants et l'image emblématique de la planète en péril.
CE QUE NOUS RACONTONS AUJOURD’HUI SUR LES BALEINES FERA BIEN RIRE NOS SUCCESSEURS D’ICI UN SIÈCLE OU DEUX
Tumultueuse, c’est probablement le mot qui définit le mieux la relation entre l’être humain et la baleine au fil des siècles. De nos jours, ces géants des mers à la masse plus imposante que les plus grands dinosaures continuent de piquer la curiosité des chercheurs, tout en émerveillant le grand public. En danger d’extinction – à des degrés différents en fonction des 14 espèces –, son sort suscite l’indignation, comme lorsque l’Islande a récemment réautorisé sa chasse après l’avoir brièvement suspendue au nom du bien-être animal. Aujourd’hui symbole de la protection du monde marin, la baleine fut pourtant longtemps crainte par les hommes, raconte l’historien Michel Pastoureau dans son dernier livre la Baleine, une histoire culturelle (Editions du Seuil, 2023). Après le loup, l’ours, le cochon, le taureau ou le corbeau, le spécialiste du bestiaire médiéval occidental, directeur d’études émérite à l’Ecole pratique des hautes études, s’attarde sur l’histoire de ce mammifère marin, à la croisée des savoirs contemporains et ancestraux.
Que vous inspire le sort des baleines ?
Je suis très inquiet pour elles. Aujourd’hui, leur plus grave danger n’est pas tant la chasse que l’effroyable pollution des océans qui touche tous les animaux marins. Et malheureusement, il est désormais un peu tard pour les nettoyer ! Sans oublier le réchauffement, qui faire fondre les banquises et influe sur leur migration.
Comment expliquez-vous que la chasse à la baleine ne soit pas complètement interdite aujourd’hui ?
Presque tous les pays du monde se sont pliés à la règle. Seuls le Japon, l’Islande et la Norvège n’ont pas encore réussi à passer ce cap, même s’ils ont énormément réduit leurs prises. L’Islande avance l’argument de la tradition et du tourisme. D’après ses dirigeants, sans pêche à la baleine, le pays n’est plus rien. Les Japonais, eux, se nourrissent énormément de sa chair – dans le nord du pays en particulier, c’est ancré dans leurs pratiques. En revanche, le cas de la Norvège est plus nébuleux car son économie ne dépend pas de cette pêche. Après, nous sommes aveugles sur ce qu’il se passe dans les mondes russe et chinois.
Le tourisme baleinier fait de plus en plus d’adeptes…
Ce nouveau type de tourisme prospère et, comme toutes les formes de tourisme, il pollue. Les touristes s’approchent trop près des baleines, ce qui les perturbe, notamment dans leur communication entre elles. Je suis bien placé pour savoir qu’on peut s’intéresser à elles sans aller les voir directement. Je n’en ai moi-même jamais vu en vrai. Tout un courant d’ONG et de chercheurs souhaite restreindre voire interdire le tourisme baleinier, mais celui-ci fait vivre des populations dans des zones du globe où il n’y a pas d’autres ressources, c’est compliqué.
Quand l’histoire entre l’humanité et la baleine a-t-elle commencé ?
Le jour où l’on s’est rendu compte que la mer abritait des animaux colossaux. Nous n’avons pas retrouvé de documents attestant le lien entre l’homme et la baleine durant la préhistoire. Mais depuis l’Antiquité, l’homme sait que la mer contient de très grosses bêtes mal identifiées, comme en témoignent les textes mythologiques ou la Bible. On les pensait alors redoutables en raison de leur taille et de leur habitat, la mer, un monde où les dangers sont légion pour les sociétés anciennes.
Pourquoi une telle peur de l’océan ?
Parce qu’il est immense, inexploré et que c’est de là que les tempêtes surgissent. Regardez les villages bretons, ils ne sont jamais construits au bord de l’eau mais plus à l’intérieur des terres, les maisons tournant le dos à la mer. En outre, mourir noyé est une mort épouvantable, aussi bien dans l’Antiquité qu’au Moyen Age. Les chrétiens ne reçoivent pas l’extrême-onction et les rituels de funérailles païens sont impossibles car le corps a disparu. Jusqu’à des dates avancées, on a même hésité à sauver quelqu’un de la noyade car celle-ci est perçue comme une punition. On pensait que le noyé méritait son sort ! Sans oublier la mauvaise image des marins, ces êtres en marge de la société dont on se méfie car ils seraient querelleurs, alcooliques et se comporteraient comme des pirates. Jusqu’à la Renaissance, on pensait donc que les cétacés étaient des créatures épouvantables, mangeuses d’hommes, de femmes et d’enfants. Bref, des créatures du diable. C’est le dauphin, représenté comme un animal aux mille vertus et qualités, sympathique, pacifique, que l’homme couronnait «roi des poissons» à l’époque.
Qu’a fait la baleine pour sembler si démoniaque ?
Elle passe pour être pleine de ruses, vice suprême dans les sociétés anciennes. Le diable est l’être rusé par excellence, en plus d’être méchant. La ruse principale de la baleine, racontée dans moult textes du Moyen Age, consiste à se faire passer pour une île. Elle sort son dos de la surface des flots pour se chauffer au soleil et les marins s’y installent pour pique-niquer, allumer un feu… Tout d’un coup, la baleine se retourne et dévore tout l’équipage après avoir coulé le navire !
Dans quelle mesure l’histoire de Jonas dans l’Ancien Testament a-t-elle joué sur la représentation monstrueuse de la baleine ?
Le texte de la Bible n’est pas clair, on ne sait pas vraiment dans quel animal Jonas s’introduit. Les commentaires chrétiens en ont fait une baleine. Jonas est bloqué trois jours – durée symbolique – dans son ventre. La baleine devient naturellement un monstre dévoreur particulièrement méchant. Mais l’animal reste soumis à Dieu puisqu’il recrache Jonas comme demandé.
D’où l’expression «dans le ventre de la baleine» ?
Oui, d’un point de vue symbolique, l’intérieur de la baleine représente une sorte de caverne. Or, dans les légendes et les mythes, la caverne, la grotte ou encore la forêt sont des lieux propices à la métamorphose. On y entre dans un certain état et on en ressort dans un autre. C’est ce qu’on observe dans l’Ancien Testament : Jonas entre dans le ventre de la baleine fâché contre Dieu et en ressort prêt à lui obéir.
Est-ce parce que les baleines leur semblaient monstrueuses que les hommes se sont mis à la chasser ?
Au contraire, cela aurait plutôt dû les effrayer et les faire renoncer à les abattre. Les premières baleines recueillies par les hommes ne sont d’ailleurs pas le fruit d’une quelconque chasse : elles se sont échouées toutes seules sur le rivage des côtes norvégiennes dans l’Antiquité, au premier millénaire avant notre ère. En les dépeçant, on s’est aperçu qu’on pouvait en tirer de nombreuses choses : chair, huile, lard, ossements, fanons, tendons… La chasse à la baleine est née de ces intérêts socio-économiques.
Comment cette chasse s’est-elle organisée géographiquement ?
Après la Norvège, précurseur dans le domaine, les premières chasses en Europe ont eu lieu le long des côtes islandaises, irlandaises, anglaises, flamandes, picardes et normandes dans le haut Moyen Age. Elles consistaient d’abord à pousser les baleines vers les estuaires pour les forcer à s’échouer. L’étape suivante prend place au milieu du Moyen Age, à partir du XIIIe siècle. Les marins s’éloignent alors des côtes et se mettent à harponner manuellement les baleines dans le golfe de Gascogne où celles-ci mettaient bas en raison de la température plus douce de l’eau. Au XIIIe et XIVe siècle, les villes basques espagnoles et françaises se spécialisent donc dans cette chasse. Mais les stocks de baleines s’épuisent dès la fin du Moyen-Age ! Au XVIe siècle, les marins décident de remonter vers le Grand Nord, vers les côtes islandaises, l’archipel de Svalbard dans le nord de la Norvège puis vers les côtes canadiennes et l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, les colons nord américains créent ainsi la capitale américaine de la chasse à la baleine : la célèbre Nantucket.
Ce qui a mené à l’œuvre d’Herman Melville : l’histoire du cachalot blanc Moby Dick. Quel impact ce roman a-t-il eu sur la représentation populaire de la baleine ?
Ce très grand livre a été le réceptacle de toutes les traditions antérieures et a figé tout ce qui a suivi. Melville ayant lui-même été marin baleinier quand il était jeune, le roman est rempli de détails sur la chasse à la baleine. La psychologie des personnes, en particulier du narrateur et du capitaine Achab, est particulièrement riche, sans oublier les nombreuses digressions sur la société, la morale, le bien et le mal, la Bible, Dieu… Après ça, difficile de raconter des histoires de baleines ou de cachalots. Même Jules Verne n’y est pas arrivé avec Vingt mille lieues sous les mers, qui fut toutefois un immense succès en librairie.
A quel point cet animal illustre-t-il l’évolution des savoirs et des classifications zoologiques ?
A partir de la Renaissance, les connaissances ont assez vite progressé et l’image négative de la baleine s’est progressivement corrigée. On développe alors des curiosités plus scientifiques que légendaires. Bien qu’on sache depuis l’Antiquité grecque et Aristote que les femelles ne pondent pas d’œufs et allaitent, la notion de mammifère n’apparaît qu’au XVIIIe siècle environ. Avant, tous les animaux marins rentraient dans la catégorie «poisson». Ensuite, les baleines ont été qualifiées de «cétacés», mais cela évoluera encore. Tout ce que nous racontons sur les baleines en 2023 fera bien rire nos successeurs d’ici un siècle ou deux. Ça a toujours été comme ça. Certains collègues scientifiques pensent que l’on est arrivé à un état du savoir qui ne va plus évoluer, ce qui est absurde pour un historien. Nos savoirs d’aujourd’hui ne sont pas des vérités, mais des étapes dans l’histoire des connaissances.
Dans votre livre, vous mentionnez le fossé entre la connaissance scientifique des cétacés et celle du grand public, qui ne fait que se creuser.
Le divorce entre le discours savant de pointe et la société, le savoir ordinaire, est inouï. Mais c’est vrai pour tout ! Par exemple, pour la physique, le noir et le blanc ne sont pas des couleurs alors qu’elles le sont évidemment dans la pratique sociale.
Comment l’expliquez-vous ?
Dans le monde culturel et littéraire comme dans l’imaginaire collectif, les traditions, mythes et folklores pèsent un poids très lourd. On ne peut pas les balayer d’un revers de main car elles se manifestent par toutes sortes de vecteurs : le comportement, le style, les symboles, etc. Par exemple, de nombreuses personnes croient encore que le cachalot est le mâle de la baleine… C’est ce qu’on disait déjà au Moyen-Age ! Et malgré les recherches scientifiques, il va falloir encore des siècles pour qu’on oublie cette idée. Idem pour la corneille et le corbeau. De son côté, la science ne peut pas imposer ses vues puisque son savoir évolue, tout comme son discours, contrairement aux légendes, plus ancrées et solides.
Longtemps redoutée, la baleine a pourtant fini par devenir un emblème de la vie en péril…
Cette transition s’est opérée assez récemment, entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle. A force d’être chassée, la baleine a fini par frôler l’extinction. L’être humain a compris qu’il était allé trop loin, qu’il était lui-même coupable et cruel. Durant cette période charnière, il y a eu un renversement des représentations d’un certain nombre d’animaux. Le regard sur la baleine s’est adouci. Elle est devenue un animal sympathique, puis, ces vingt-cinq dernières années, un emblème de la planète à sauver, à l’instar de l’ours polaire. La baleine et le loup, des animaux parmi les plus redoutés pendant des siècles, sont devenus de gentilles vedettes des livres pour enfants. A mon époque, c’était plutôt l’ours et le cochon. Désormais, on raconte l’histoire du grand gentil loup et des trois méchants petits cochons. C’est un fait culturel assez intéressant, qui montre que si les systèmes de valeur n’évoluent pas vite, ils ne sont pas immuables. En raison de son impact sur les autres espèces, l’être humain est ainsi devenu, dans nos imaginaires, le pire de tous les animaux.
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La conférence avec Michel Pastoureau: https://www.youtube.com/watch?v=eR1cgqHuRjM
mercredi 10 janvier 2024
Réponse de Hélène Peltier suite à l'article paru dans Sud-Ouest Nature, je lui avait demandé son avis.
Les dauphins en général ont une reproduction lente, et peu de petits par femelle, ce qui en fait le groupe de mammifères marins qui se remet le plus lentement des suites d'une pression anthropique.
Les différents seuils maximum de captures accidentelles proposés par les grands accords internationaux prennent cela en compte, plus l'incertitude autour du nombre de captures en mer.
Ainsi, le seuil OSPAR est de 985 captures de dauphins communs/an pour toute la zone Gibraltar aux eaux norvégiennes. Le PBR est de 4500 captures/an pour la même zone (avec d'autres objectifs de conservation).
Les seules captures recensées dans le golfe de Gascogne sont déjà au delà de ces seuils pourtant calculés pour toutes les eaux européennes! Si on rajoute les captures dans les eaux espagnoles, portugaises, anglaises et irlandaises, on est TRES largement au delà.
Le bon Etat Ecologique de la DCSMM propose un seuil de 2000 captures dans le golfe de Gascogne. Avec 5 000 à 10 000 captures/an dans nos eaux, on voit bien que tous les seuils proposés sont très largement dépassés.
Et à travers l'analyse des animaux échoués, on commence à voir des changements dans les paramètres démographiques liés à la pression de la pêche sur les dauphins communs.
Donc on ne peut pas dire que les populations vont disparaître la semaine prochaine, mais en tout cas ça n'est pas soutenable à moyen ou long terme pour la population.
pour aller plus loin: https://www.observatoire-pelagis.cnrs.fr/wp-content/uploads/2023/02/2022_Note-methodologique-Demographie_Pelagis.pdf
Bonne journée,
Hélène Peltier