L’association Robin des Bois avait demandé un inventaire de ce que contenait le cargo. Il a été rendu public ce jeudi. Et il n’est pas rassurant
Poissons, méduses, mollusques, calmars géants et bestioles bizarres et luminescentes des grands fonds atlantiques, un bon conseil : passez votre chemin. La carcasse du cargo « Grande America », qui va bientôt rouiller à 4600 mètres de profondeur sur la plaine abyssale, est lourde de menaces.
Ce jeudi, les autorités ont accédé à la demande formulée par l’association Robin des Bois au Secrétaire Général de la Mer (qui est rattaché aux services du Premier ministre). Lors d’une réunion convoquée à Brest par le préfet maritime, le vice-amiral d’escadre Jean-Louis Lozier, elles ont communiqué l’inventaire préliminaire de la cargaison qui est basé sur les déclarations de l’armateur. Robin des Bois salue cet exercice de transparence, « une première dans l’histoire de l’accidentologie maritime mondiale ». Pour autant, le contenu de la liste n’incite guère aux réjouissances.
1050 tonnes de matières classées dangereuses
Plus de 1050 tonnes de matières dangereuses étaient à bord lors du naufrage, survenu le 12 mars à 330 kilomètres à l’ouest de La Rochelle. « Ce classement est utile pour la sécurité maritime. Il évite de placer au même endroit dans le bateau des produits incompatibles, susceptibles de réagir chimiquement s’ils entrent en contact. Mais des produits considérés non dangereux peuvent être très nocifs pour le milieu marin. Des résines et des plastiques vont se disperser dans l’environnement. Ils sont toxiques chimiquement pour les organismes vivants qui les rencontrent. Ils sont également toxiques mécaniquement puisqu’ils peuvent être confondus avec des proies, être ingérés et provoquer la mort des animaux », explique Charlotte Nithart, la directrice de Robin des Bois.
Ces marchandises « non dangereuses » sont comptabilisées en nombre de conteneurs. On dénombre ainsi 23 conteneurs de produits chimiques « non dangereux » à bord, 18 conteneurs d’engrais, sept conteneurs de résines, cinq de lubrifiants ou encore un conteneur de fibres de polyester (du textile synthétique). Parmi les produits bel et bien dangereux et classés comme tels par la réglementation, on trouve 720 tonnes d’acide chlorhydrique, 16 tonnes de White Spirit, 82 tonnes d’acide sulfurique et 85 tonnes d’hydrogénosulfure de sodium, un produit qui a plusieurs usages industriels, pour blanchir les matériaux par exemple. L’inventaire ne s’arrête pas là. Ont été embarquées des tonnes d’allume-feux, d’aérosols, de biocides etc.
Une partie a brûlé dans l’incendie
A une telle profondeur, le coût de l’opération serait si important qu’on ne le fera jamais
Dans ce fatras toxique, il est impossible de savoir ce qui a été brûlé dans l’incendie qui a fait rage avant le naufrage, ce qui a été dispersé en mer et ce qui est encore enfermé dans les flancs de l’épave. « Sur le seul plan de la faisabilité technique, on peut envisager d’aller récupérer cette cargaison. Mais à une telle profondeur, le coût de l’opération serait si important qu’on ne le fera jamais », risque Charlotte Nithart.
Selon Robin des Bois, seule la présence avérée de sources radioactives scellées à bord pourrait inciter les autorités à contraindre l’armateur, Grimaldi Group, à lancer une opération de cette nature. L’hypothèse n’est pas farfelue. Les cargos transportent parfois des instruments radioactifs destinés à l’industrie. De tels objets ne figurent pas sur l’inventaire préliminaire du cargo. "On sait qu’il y a une certaine proportion de fausses déclarations dans les cargaisons, entre 4% et 10%. On en aura le cœur net quand on disposera de plus d’informations", commente Charlotte Nithart.
Une casse automobile engloutie
"Une casse automobile de quelque 2100 véhicules est à tout jamais engloutie dans le grand noir des abysses atlantiques"
"Des informations complémentaires ont été demandées à Grimaldi Group. Elles devraient permettre de compléter l’analyse initiale du chargement réalisée par la préfecture maritime et ainsi d’appréhender de la manière la plus exhaustive possible l’ensemble des enjeux environnementaux liés à ce naufrage", précise de son côté la préfecture maritime de l’Atlantique.
Quoi qu’il en soit, pour le tout-venant, laisser reposer au fond paraît effectivement raisonnable .Une casse automobile de quelque 2100 véhicules est à tout jamais engloutie dans le grand noir des abysses atlantiques. Il y avait à bord du "Grande America" trois camping-cars usagés. Vu la décote supplémentaire à l’argus qui doit leur être appliquée depuis leur plongeon du 12 mars…
- Voici le détail de la cargaison du Grande America
Cette liste a été communiquée à l’association Robin des Bois par les autorités
2100 véhicules :
1779 véhicules légers. 1212 neufs et 567 usagés. 42 utilitaires usagés. 3 camping-cars usagés. 64 engins de chantier. 44 neufs et 20 usagés. 22 bus. 20 neufs et 2 usagés. 190 poids-lourds. 43 neufs et 147 usagés. "A noter également 370 colis en vrac"
1779 véhicules légers. 1212 neufs et 567 usagés. 42 utilitaires usagés. 3 camping-cars usagés. 64 engins de chantier. 44 neufs et 20 usagés. 22 bus. 20 neufs et 2 usagés. 190 poids-lourds. 43 neufs et 147 usagés. "A noter également 370 colis en vrac"
Marchandises dangereuses au sens IMDG (International Maritime Dangerous Goods Code) et quantité estimée en tonnes :
720 t d’acide chlorhydrique. 85 t d’hydrogénosulfure de sodium [utilisé par exemple pour précipiter les métaux lourds, dans le tannage des peaux et en agent de blanchiment]. 82 t d’acide sulfurique. 62 t de résine en solution. 25 t de prothioconazole [fongicide]. 16 t de White Spirit. 15 t d’allume-feux. 14 t de phosphate de zinc. 9 t d’aérosols Alcanes C14-C17 chloro technical. 7,5 t de véhicules à piles à combustible. 7,2 t de produits de parfumerie. 5,3 t de 5-chloro-2-méthyl-2H-isothiazol-3-one + 2-méthyl-2H-isothiazol-3-one. 2,2 t de polyethersiloxane [agent de polymérisation utilisé notamment dans l’industrie cosmétique]. 0,04 t d’isododecane. 0,02 t de dimethicone isododecane 0,02 t d’éthanol. 0,009 t d’aérosols. 0,003 t d’hélium sous pression.
Marchandises non dangereuses (au sens IMDG) en conteneurs :
Papier : 62 conteneurs. Divers : 55 conteneurs. Nourriture : 45 conteneurs. Acier : 24 conteneurs. Produits chimiques non dangereux : 23 conteneurs. Engrais : 18 conteneurs. Voitures : 10 conteneurs. Bois : 10 conteneurs. Amidon : 8 conteneurs. Machines : 8 conteneurs. Céréales : 7 conteneurs. Résines : 7 conteneurs. Pièces de rechange : 7 conteneurs. Tapis : 5 conteneurs. Lubrifiants : 5 conteneurs. Métaux et alliages : 4 conteneurs. Recyclage : 4 conteneurs. « Effets personnels » : 4 conteneurs. Verre : 3 conteneurs. Nourriture pour animaux : 3 conteneurs. Bière : 2 conteneurs. Pneus : 2 conteneurs. Mouchoirs et papier toilette : 1 conteneur. Boîtes vides :1 conteneur. Bateaux / pièces détachées :1 conteneur. Fibres de polyester : 1 conteneur.
État des soutes :
190 tonnes de MGO (marine gasoil). 2200 tonnes de IFO 380 (intermediate fuel oil). 70.000 litres d’huile.
https://www.sudouest.fr/2019/03/21/naufrage-du-grande-america-voici-tout-ce-qu-il-y-avait-a-bord-du-navire-5918258-10626.php?fbclid=IwAR3KRy8qYKLxrFDytGII3U8eDgZADeUJrqW1Mg3tFpWmIDOn
190 tonnes de MGO (marine gasoil). 2200 tonnes de IFO 380 (intermediate fuel oil). 70.000 litres d’huile.
https://www.sudouest.fr/2019/03/21/naufrage-du-grande-america-voici-tout-ce-qu-il-y-avait-a-bord-du-navire-5918258-10626.php?fbclid=IwAR3KRy8qYKLxrFDytGII3U8eDgZADeUJrqW1Mg3tFpWmIDOn
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