Résumé :
L’article
présente les résultats de mes longues veilles depuis la pointe de Kadoran afin
d’observer des cétacés vivants à partir du rivage d’Ouessant. Ainsi qu’une
récolte des différentes observations par des témoignages oraux depuis
l’ouverture de la station ornithologique en 1984. Ce qui représente un total de
10 cétacés.
Avertissement :
Ce
que je vous livre, est le résultat d’une passion, d’un témoignage de terrain, je
suis un autodidacte de 66 ans passionné par le visuel et l’émotion que me
procurent les cétacés. Je vous le présente comme je l’ai vécu et analysé avec
des réflexions, des doutes, de part mes expériences naturalistes et mes
lectures.
Présentation :
Tout
commence donc en 1985 lorsque je découvre l’existence de la station
ornithologique (aujourd’hui CEMO), ouverte un an plus tôt. Il me faut attendre
1986/1987 pour observer mes premiers cétacés, des dauphins communs trouvés par
4 Danois lors d’une séance d’observation d’oiseaux marins en migration.
Ma
joie fut immense car comme beaucoup d’enfants j’aimais les dauphins étant jeune,
c’était pour moi une découverte que d’en voir en vrai dans leur milieu naturel et
devant le phare du Créac’h.
J’ai
donc multiplié les veilles au pied de ce phare mythique certes pour observer
les oiseaux marins mais avec l’espoir d’y voir des cétacés. De toutes ces
années jusqu'en 2010, je observé depuis ce lieu des grands dauphins et
des dauphins communs, mais aussi un requin pèlerin.
De son côté, Yvon Guermeur le directeur du centre allait observer l’avifaune
à la pointe de Kadoran, avec son véhicule, et il voyait aussi des cétacés.
Toutes ces informations étaient relatées le soir au moment du LOG. (Réunion où chaque naturaliste transmet ses observations).
Pour nous qui n’étions qu’en vélo, il était plus commode de
retourner le lendemain au Créac’h à 500m du centre ornitho, d’autant plus qu’il
nous fallait transporter la longue-vue, mais je le fis quelquefois, du centre à
Kadoran aller-retour il y a 14km. Néanmoins
j’ai prospecté sur les différentes pointes de l’île.
Depuis 3 ans afin d’être au plus
près de Kadoran, je loge à l’auberge de jeunesse en haut du bourg.
Récolte des observations : 1984/2014.
Lors de toute collecte
d’observation, il se pose l’éternel doute de la viabilité des dites
informations, comme c’est trop souvent le cas, les photos y sont absentes.
Quasi toutes les données
récoltées l’ont été lors des séances d’observations au cours du suivi
migratoire des oiseaux marins depuis le rivage nord d’Ouessant.
-
Globicéphale noir : (sans nom d’observateur). S’il est incontestable de ne ps nier sa présence
en mer d’Iroise, photo dans le goulet de Brest (François de Beaulieu 1994, p 50). (Hussenot. Prieur 1984, p 32). l’espèce semble avoir un statut trop optimiste qualifié d’abondant. (Océanopolis
2000, p 11).
-
Dauphin de Risso : en 2000 par Alain de Broyer.
-
Petit rorqual : une observation d’un saut par Eric Mathieu lors d’une
pêche.
-
Rorqual commun : par Yvon Le Corre, dans l’ouest d’Ouessant lors
d’une sortie en mer pour observer les oiseaux marins.
-
Orque : observation de 4 orques à Kadoran en 89/90 par Jean-Laurent
Lucchesi.
-
Cachalot : une observation par Hervé Darmendieu. Puis celle du samedi
20 octobre 2012 à Kadoran puis au Créac’h, par un couple de Lyonnais vers 10h,
alors que je prenais le bateau à 11h30 ce même jour.
À la lecture des différents articles dans la bibliographie que je possède, il
semble que seul Ouessant concentre autant de données de cétacés vivants, en mer
d’Iroise mais aussi en Bretagne, c'est-à-dire 10 espèces de cétacés en 30 ans de
présence naturaliste 1984/2014. Cela me semble dû à la situation morphologique de
l’île avec ces fonds abrupts proches du rivage.
Environ vingt espèces de cétacés ont été observées au moins une fois en Bretagne.
(Océanopolis 2000 p 9). Le point visuel autour d’Ouessant en concentrait donc 50%,
ce qui est très important.
Résultats de
mes postes de veilles
Pyramide du Runiou : depuis ce site j’ai observé des gros groupes
de Dauphins
+
100 pour les dauphins bleu-blanc
+
200 pour les grands dauphins.
Ce
site présente un gros problème, il est situé à contre jour, en plein Sud-ouest
et il est très fatiguant pour la vue à cause des reflets sur la mer, je l’ai
vite abandonné.
Penn-Arland à la croix de
Saint Paul : ce
site serait assez bien placé, s’il n’y avait pas les puissants courants marins
qui gênent considérablement l’observation à cause du clapot. Je n’y ai fait que
de trop rares observations.
La pointe de
Kadoran : c’est
véritablement de ce point au nord-est d’Ouessant que j’ai commencé mes
observations depuis 2011 et 2012. J’ai donc effectué des veilles très importantes
en nombre d’heure de 10h à 12h et de 15h à 17h, pendant deux semaines soit
autour de 60h par année.
Pourquoi
2011 et pas avant, parce que j’étais en manque de cétacé. C’est en effet en 2010
que les stages de découverte des cétacés pendant « La croisière de
baleines » que j’avais créé et organisée depuis 2000 ont pris fin à
cause de la suppression de la ligne de ferry de la P&O, (une compagnie
anglaise) entre Portsmouth et Bilbao.
Dès
2013 j’ai modifié mes horaires afin d’avoir une plus large amplitude
d’observation de 10h à 17h voir 18h en fonction de la météo et cela pendant 10
jours soit autour de 70h par année et j’ai poursuivi cet horaire en 2014 afin
de compenser les délais de stationnement sur le parking du Conquet qui ne me
permettent plus de rester 15 jours sans changer ma voiture de place.
Résultat
des mes observations après 260 h de veille.
-
Le dauphin commun autour d’Ouessant est vraiment très abondant, puisque les
observations sont quasi journalières depuis la pointe de Kadoran, avec quelques
fois des groupes de 200 à 250 ind, mais plus régulièrement des sous groupes de 25 à 50 dauphins.
J’ai
pu analyser qu’il y avait une interaction entre la pêcherie du Bachou et la présence
des dauphins communs lors du jusant de la Manche, cette zone de haut fond au
large de l’île Keller est une source importante d’alimentation pour eux, comme
elle l’est aussi pour les fous de Bassan avec souvent des centaines d’oiseaux,
voir jusqu'à plus d’un millier, mais aussi des labbes, puffins et laridés.
-
Le marsouin commun (2 ind) est toujours observé et uniquement par mer calme dans
la baie de Porz Glas et allant au-delà de la roche d’Ar C’haor, vers la baie de
Toull Aoroz.
-
Le grand dauphin (hormis Randy) est observé en groupe entre 15 et 20 ind,
passant devant Kadoran pour aller pour un grand moment dans la baie de Béninou.
À ce sujet en ayant lu très attentivement Les Mammifères Marins de Bretagne (Océanopolis 2000, p 33 & 58) il est écrit que les populations de Sein et de l’archipel de
Molène ne se mélangent pas.
Je
suis donc incapable de dire si les grands dauphins de Kadoran/Baie de Béninou
sont ceux de l’archipel de Molène. Sans embarcation il m’est impossible d’effectuer
de la photo-identification dans la baie de Béninou, d’autant plus qu’ils
présentent une activité très réduite qui s’apparente à celle du repos (Océanopolis 2000, page 83).
La
situation de grand dauphin autour d’Ouessant est peu connue dans la
littérature, seulement deux observations en 1978 et 1980 (Hussenot 1980).
Mon
objectif en 2013 et 2014 était d’observer des globicéphales noirs décrits comme
abondant dans les cahiers naturalistes de Bretagne : (Océanopolis 2000), mais
je n’en ai toujours pas observé, c’est dommage car c’est une observation
anonyme que j’envisageais de balayer.
L'observation est envisageable car comme l'écrit (Eric Hussenot: 1979). "Comme pour le dauphin commun, la présence du Globicéphale dans les eaux côtières pourrait résulter d'un facteur alimentaire. La sardine se trouve en juin en Baie d'Audierne et jusqu'en Octobre en Baie de Douarnenez, ce qui correspond à nos maxima d'observation en mer".
L.
Soulier via I. Castège et G. Hemery 2009, dans Oiseaux marins et cétacés du
golfe de Gascogne, au chapitre ; Répartition des cétacés communs, page
155, conclut : "Le globicéphale noir est une espèce grégaire vivant au
large", et son tableau des observations présente l’espèce en limite du plateau
continental. Ce
qui correspondrait plus à l’absence d’observation après 260h de veille à
Kadoran.
Si
j’ai observé certes une fois des dauphins bleu-blanc depuis dans le sud au Runiou,
je n’en ai jamais vu depuis le nord à Kadoran avec certitude, Jean-Claude
Hänggeli qui m’a rejoint en 2013,
a émis ce doute et seule une photo pourra permettre la
présence certaine.
À ce jour et après 260 heures de veille à Kadoran, seulement 3 espèces de cétacé ont été observées. C’est dire si la tâche est
ardue et demande de la volonté.
Pourquoi
choisir toujours cette période de fin septembre et début octobre ? Parce qu’elle
correspond à la migration des grands cétacés. Je tiens cette expérience de mes
stages sur dix années d’observation depuis la ligne de ferry passant au large
d’Ouessant. Du ferry j’avais observé un petit rorqual avec Ouessant en fond,
l’espoir fait vivre de l’observer depuis l’île.
La
situation d’Ouessant à 22 km
en mer semble permettre d’observer des grands cétacés pélagiques quasi impossibles
d’observation le long du littoral côtier du continent, d’autant plus que les
fonds devant Kadoran sont très vite à plus de 70m, donc plus favorable pour eux,
alors qu’ils ne dépassent guère les 50m dans l’archipel de Molène.
À la lecture de l’étude d’Océanopolis (2000, p 34) Ouessant a été séparé de la zone
d’étude de l’archipel de Molène, ce qui est scientifiquement compréhensif.
Alors
est-ce que cette veille, quoique si faible par son amplitude dans le temps d’une
année civile, peut nous enrichir sur la connaissance migratoire des grands
cétacés devant Ouessant ? La question est posée en d’autres termes ; (Océanoplolis 2000, p 88).
La
récolte des 6 observations par autrui de cétacés vivants me motive dans ma
passion du regard vers le large afin de découvrir cette migration au large de
Kadoran.
Bibiliographie
Castège
I., Hémery G. (coords), 2009. – Oiseaux marins et cétacés du golfe de Gascogne.
Répartition, évolution des populations et éléments pour la définition des aires
marines protégées. Biotopes, Mèze ; Muséum national d’Histoire naturelle,
Paris, 176 p. (Collection Parthénope).
De
Beaulieu F., Hussenot E., Ridoux V. 1994. – Mammifères Marins de nos côtes. Chasse-Marée/ArMen ;
Abri du marin, Douarnenez, 136 p. (Collection La nature et les hommes).
Hussenot
E. 1979 – Observations en mer et échouages de quelques petits cétacés en
Bretagne. Penn ar Bed 96 : 11 – 32.
Hussenot
E. 1980 – Le Grand Dauphin Tursiops
truncatus en Bretagne. Penn ar Bed 103 : 355 – 380.
Hussenot E., Prieur D., 1984. - Mammifères et oiseaux de nos côtes. Editions maritimes & d'outre-mer, Paris. 191 p.
Ridoux
V., Liret C., Creton P (†)., Hassami S. 2000. – Etudes et
conservation des mammifères marins de Bretagne. Biotopes, Mèze ;
Laboratoire d’étude des mammifères marins-Océanopolis. Région Bretagne, 144 p (Collection
Les cahiers naturalistes de Bretagne).
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La diversité des cétacés dans le golfe de Gascogne:
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