Il m'est venu l'idée d'écrire ce texte parce que beaucoup parmi vous tombent des nues lorsque j'annonce "il y a beaucoup de cétacés dans le golfe de Gascogne". Mais encore plus de part son nombre de 23 cétacés observés depuis le ferry « Pride of Bilbao ».
Voir mon guide en ligne: http://dauphinouessant.blogspot.fr/
Voir mon guide en ligne: http://dauphinouessant.blogspot.fr/
Nous savions cette abondance de part le livre sur les échouements (24 espèces trouvées mortes) dans « Les cétacés des côtes de France », mais nous devons cette redécouverte du vivant grâce à cette ligne du ferry de la P&O entre Bilbao et Porstmouth.
Lors des traversées pour voyager vers l'Espagne (la ligne du "Pride" date de 1993), des touristes anglais adossés aux rambardes voyaient des baleines et des dauphins, jusqu'au jour ou un scientifique a fait spécialement le voyage en 1993 ou 1994.
En 1995, Andy Williams lance un programme d'étude en partenariat avec la P&O (la compagnie qui exploite le ferry). Très vite les comptages visuels indiquent une grande variété d'espèces de cétacés soit 20 et jusqu'à 14 en une seule journée le 10 août 1999.
Le golfe de Gascogne s'est révélé être un des meilleurs endroits dans le monde, sa diversité représente 1/3 de la population mondiale, une telle variété est rarement observable ailleurs que ce soit au Saint Laurent, Cortez, Valdès, etc…Les espèces observables vont du marsouin, le plus petit cétacé d'Europe au rorqual bleu le plus grand jamais connu sur la terre.
Pour beaucoup d'entre nous, ce fut notre première rencontre avec les baleines voir même les dauphins. Cela n'avait rien à voir avec les images du Commandant Cousteau où seules les meilleures d'entre elles passent à la télé. Ce n'est pas non plus une poursuite en mer, et encore moins un spectacle de Delphinarium. Ici les cétacés sont libres, nous assistons à leur voyage migratoire, comme nous en voyage sur le ferry.
Pourquoi dans ce golfe ?
Carte en relief du golfe de Gascogne.
Chacun de nous avait entendu parler de la fosse de Capbreton. Elle n'est que le début de ce vaste milieu sous-marin, de plus la situation géographique entre la pointe de Bretagne et la Galice et particulière car le plateau abyssal rentre profondément jusqu’au fond du golfe de Gascogne.
Le plateau continental, qui part de la plage, descend jusqu'à –200mètres puis tombe brutalement jusqu'à –3000 mètres dans des fosses pour enfin atteindre un plateau abyssal à –4000 mètres. Toute cette variété de milieux fonctionne comme une mosaïque où la faune et la flore diverses et multiples offrent une nourriture pour chaque espèce.
Les courants sous-marins butent contre les parois des tombants. Ils sont donc forcés de monter et des concentrations importantes de planctons, d'aliments, de nourritures, attirent mollusques, poissons et prédateurs.
Les grands cétacés tels rorquals et cachalots profitent de leur extraordinaire capacité de plonger en profondeur pour se nourrir ; d'autres tels les dauphins restent près de la surface.
Les baleines à bec, ziphius, hyperoodons, mésoplodons plongent dans les canyons près des tombants.
Tous ces milieux différents entre la Biscaye et le plateau celtique forment de la sorte une vaste nursery qui profite d'abord aux cétacés sédentaires. Les dauphins bleu-blanc, communs, et globicéphales y mettent au monde leurs petits. Des adultes ont été vus avec des très jeunes, de la Manche à Ouessant, ce qu'ont confirmé les observations hivernales.
Dans les canyons de la Biscaye nous avons des résidents fascinants : le ziphius de Cuvier, l'hyperoodon arctique et le mésoplodon de Sowerby souvent observés tout au long de l'année. Les ziphius sont en petit groupe de 4 à 6 individus, les mâles plus âgés ont la tête blanche.
Si les dauphins bleu-blanc et communs aiment le grand large, le grand dauphin préfère des fonds moins profonds ; il est donc plutôt sur le plateau continental. Ce dernier est aussi sédentaire comme le marsouin,
Bien qu'ils bougent beaucoup, les globicéphales noirs semblent pas être présents tout au long de l'année, mais des jeunes ont été observés avec des adultes.
Seuls les rorquals migrent du nord au sud avec certitude même si on peut les rencontrer en hiver au fond du golfe. Les autopsies sur les échouements ont démontrées que des jeunes rorquals communs étaient présents.
Il est parfois trompeur de croire à la sédentarité dans les observations hivernales, car le golfe est aussi une zone d'escale prolongée. C'est aussi le cas pour l'hyperoodon, moins pour les mégaptères et les lagénorhynques à bec blanc et flanc blanc.
Certaines populations de cétacés sont en petit nombre et il est difficile de dire leur statut ; sédentaire ou migrateur, tel le dauphin de Risso, le petit rorqual, le faux orque et même l'orque. Beaucoup sont aussi en limite de répartition géographique.
La meilleure saison :
Le golfe de Gascogne peut être redoutable car les tempêtes avec des mers fortes ne facilitent guère les observations en hiver. Les temps d'été sont plus propices aux mers calmes donc à la croisière d'observation pour le public, voilà pourquoi la croisière des baleines avait choisi cette date d'année en année, de 2000 à 2010, jusqu'à la fin de la ligne de ferry, il est quasi certain que nous aurions continué ses stages d’observation, mais cela n’est pas de notre volonté.
Cette période d'août était une moyenne entre mai et octobre, entre les sédentaires et les migrateurs.
Pour comprendre la qualité des observations, il nous fallu considérer la vie des cétacés. La surface fait partie de leur habitat, principalement pour respirer et récupérer après leurs plongées pour se nourrir. Donc pour bien les observer il nous faut une mer calme.
Dans l'excellent guide "Whales and Dolphins of the Atlantic", vendu sur le ferry, nous avions réaliserez parfois la difficulté de mettre un nom sur l'observation.
Ce qu'il faut comprendre c'est que le ferry suit un même parcours, les cétacés peuvent être loin ou près, mais voir leur souffle c'est déjà une observation qui peut être identifiée.
Nous avions donc commencé par voir des souffles, des jets de vapeur de 5 à 6 mètres de hauteur, c’était des rorquals communs. Mais j’ai aussi loupé un rorqual boréal, juste devant moi, il nous fallu être prudent sur les identifications bien que c'est malgré tout une question d'expérience, d'analyse.
J'ai coutume de dire qu'une dizaine traversée ne suffit jamais, nous avions eu une très bonne initiation à la cétologie, car les traversées que j'ai organisé ont eu pour but de nous amener à cette pratique. Elles n'ont rien eu à voir avec le tourisme classique "vous avez vu, alors au revoir". La croisière des baleines n'a pas été un tiroir-caisse.
Nous espérons vous avoir convaincu que ces 26 traversées nous ont apportés plus que le simple fait de dire "j'aime les cétacés", car sachez qu’il n’en reste que 5 à 10 % du nombre originel !!! …et plus aucune pour la baleine des basques.
J'ai essayé de synthétiser un maximum d'informations afin de vous permettre de comprendre ce milieu hostile mais fascinant, mais aussi notre expérience sur cette décennie.
Pour moi, et grâce à la ténacité et la passion des Espagnols pour leur Biscaye, je peux continuer l’aventure avec http://www.karraspio.es/ et son bateau basé à Santurtzi.
Il y avait sur le ferry pendant les mois d’été : 3 groupes Anglais, (dont un groupe à l’année BDRP), 2 groupes Belge, 2 groupes d’Espagnol, 1 groupe Français, le notre.
La croisière des baleines a amené 1820 stagiaires sur 26 voyages.
Mes observations avec Karraspio ont commencé en 2012, ce bateau est basé à Santurtzi qui est le port industriel de Bilbao, et qui a été le port du départ du Ferry « Pride of Bilbao » pour Portsmouth.
J’ai réalisé deux sorties en aout 2012, j’ai observé : Dauphin commun, dauphin bleu-blanc, grand dauphin, ziphius de Cuvier, rorqual commun, dont ces 5 espèces en une sortie.
Sur leur site en voyant les photos et vidéos, j’ai vu qu’ils ont aussi observés : le globicéphale noir, le cachalot, l’hyperoodon arctique, le dauphin de Risso, ce qui fait 9 espèces. C’est ce que l’on pouvez voir sur un seul voyage et jamais moins de 5 espèces.
Les Espagnols semble être très organises pour l’observation en mer, puisque sur le net, il y a aussi cette autre association AMBAR….leur port d’attache serait Berméo.. ?
Dont voici le site : http://www.ambarcetaceos.com/index.php/es/
Cette carte présente les sorties que j’effectue avec et la zone des fonds de 1000 à 1200 mètres ou sont observés la majeur partie des cétacés au cours de leur sortie en mer.
En ferry nous partions de Santurtzi vers 13h et la nuit tombé en haut de l’image c'est-à-dire à la même latitude que l’île de Ré.
Andréas Guyot.
Bibliographie :
R. Duguy. Les cétacés des côtes de France 1983. Anales de la société des Sciences Narurelles de la Charente-Maritime. Supplément mars 1983.
G. Cressewell & D. Walker. Whales & Dolphins of the European Atlantic. The bay of Biscay the English Channel. Ocean guides 2001. et nouvelle edition 2008.
Les 16 cétacés que nous avons observés de 2000 à 2010.
Cétacés à fanons : Rorqual commun, Petit rorqual, Rorqual bleu, Rorqual à bosse.
Cétacés à dents ; Hyperoodon arctique, Ziphius de cuvier, Dauphin commun
Dauphin bleu-blanc, Grand dauphin, Dauphin de Risso, Globicéphale noir, Marsouin commun, Cachalot, Orque, Lagénorhynque à flancs blancs, Mésoplodon de Sowerby.
Cétacés pas observés : Rorqual boréal*, Cachalot pygmée*, Cachalot nain*, Mésoplodon de Blainville, Mésoplodon de True, Mésoplodon de Gervais, Lagénorhynque à bec blanc, Globicéphale tropical, Faux orque*,
Pourtant tous observés sur le Pride of Bilbao, Dans cette liste*, il y en a 4 que nous aurions du observer mais nous n'étions pas sur le bon coté du ferry.
Cétacés que j'ai identifié de façon certaine : Hyperoodon boréal; Ziphius de Cuvier; Mésoplodon de Sowerby: Cachalot; Rorqual commun; Petit rorqual; Lagénorhynque à flancs blancs; Grand dauphin; Dauphin commun; Dauphin bleu-blanc; Marsouin commun; Globicéphale noir; Dauphin de Risso.
Remerciments: à Mary Lawrence, Manager de la P&O et à l'ensemble de son personnel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire